Vétérinaires : les motifs de réclamations en 2021

Répartition des réclamations

• 58 % des sinistres concernent les animaux de compagnie, en majorité des chiens et des chats (légèrement en hausse par rapport à 2020).
• 38 % des sinistres concernent des bovins. En 2021, aucun sinistre n’a été déclaré pour d’autres animaux de rente que les bovins.
• Moins de 4 % des sinistres concernent des chevaux.

L'analyse de l'expert

Animaux de rente

Bovins

 Autour de la prescription

• Une vache souffre de mammite. Le propriétaire se présente à la clinique pour demander un traitement intra-mammaire (Mastijet^®). Le sociétaire lui délivre de l’Orbenor HL^®, traitement hors-lactation (tarissement), qui génère un important délai d’attente pour la commercialisation du lait. Dès lors, le lait de la vache doit être écarté du tank, et ce pendant 46 jours au lieu des 4 jours de délai d’attente du Mastijet^®. L’éleveur réclame le remboursement de la perte de lait occasionnée.
  
  Responsabilité retenue pour erreur de prescription-délivrance (traitement hors lactation pour une vache en lactation présentant une mammite).
   
• Le sociétaire prescrit, sans examen clinique, du Dexalone ND^® à une vache. L’animal présente une mammite alors qu’elle est prête à tarir. L’éleveur administre le traitement ainsi qu’un médicament antibiotique.
  
  La vache avorte quelques jours plus tard, le veau ne survit pas. Il est retenu que la prescription hors examen clinique d’un traitement à un bovin est autorisée sous réserve que le vétérinaire suive régulièrement l’élevage, effectue un bilan sanitaire annuel de l’élevage et une visite de suivi, établisse des protocoles de soins pour les pathologies les plus courantes et que la pathologie visée par le traitement prescrit fasse partie des protocoles de soins. C’est le cas ici.
  
  Pour autant la prescription doit reposer sur un recueil des commémoratifs afin d’établir un diagnostic "à distance" aussi précis que possible et que le traitement corresponde au mieux, aux besoins de l’animal.
  
  Le principe actif de la Dexalone^®, la dexaméthasone a la fâcheuse propriété de provoquer l’avortement chez les bovins lorsqu’il est administré dans le dernier tiers de la gestation. Il est donc formellement contre indiqué pendant cette période chez la vache sauf à vouloir provoquer un avortement volontaire. La prescription est donc fautive et est directement responsable de l’avortement non désiré de la vache.
  
  Responsabilité retenue.

   Autour de la césarienne

• Le veau est en présentation postérieure et son extraction par les voies naturelles s'avère difficile. La césarienne pratiquée classiquement par laparotomie sur le flanc gauche se déroule sans anicroche.
  
  Quelques jours plus tard, l’état de la vache se dégrade avec une hyperthermie marquée, un ralentissement du transit digestif. Le vétérinaire constate la présence d'adhérences entre l'utérus et le rumen. Un traitement antibiotique et anti inflammatoire est instauré. L’état de la vache s’améliore puis se dégrade à nouveau.
  
  Une laparotomie alors réalisée permet de découvrir une péritonite exsudative. L’état se dégrade et l’animal est euthanasié. L’autopsie montre la présence d’une brèche dans la paroi de l’utérus. Brèche à l’origine de la contamination secondaire de la cavité péritonéale.
  
  Il s’agit d’une déhiscence de la plaie avec défaut d’étanchéité chirurgical fautif. S’il s’agissait d’une lésion traumatique, l’inspection de l’organe qui doit être conduite avant sa remise en place aurait dû permettre de la repérer. 
  
  Responsabilité retenue. 
   
• Césarienne sur une vache normande. L’intervention se déroule sans problème particulier. Le soir, l’éleveur constate un écoulement sanguinolent à la vulve. Le lendemain matin, l’animal meurt. Arrivé sur place, le sociétaire constate que la vache présente des muqueuses blanches lui laissant supposer qu’elle est morte d’hémorragie.
  
  L’autopsie montre l’origine du décès : un pied de cotylédon, situé à proximité de la plaie d’hystérotomie est dilacéré à sa base. De gros caillots sanguins sont visibles à proximité. De toute évidence, les saignements constatés au niveau de ce cotylédon ont rapidement entraîné une anémie majeure, fatale à cette vache.
  
  L’un des principes de la chirurgie est de garantir l’hémostase des plaies pratiquées. Ce n’est pas le cas ici. 
  
  Responsabilité engagée pour ce défaut d’hémostase.
   
• Vêlage en février. L’examen révèle un col insuffisamment dilaté pour espérer une extraction du veau par les voies naturelles. Une césarienne est décidée. Une stagiaire démarre l’intervention assistée du vétérinaire. Au moment d’inciser le péritoine, la vache a des contractions et la stagiaire incise plus profondément que souhaité, perforant la paroi ruminale. La cavité se retrouve quelque peu souillée par du contenu ruminal avant que la paroi ruminale puisse être suturée.
  
  Le reste de l’intervention se passe normalement avec l’extraction d’un veau vivant. L’état de la vache se dégrade dans les jours suivants. Malgré les traitements entrepris, elle meurt trois semaines après l’intervention.
  
  L’autopsie permet de conclure sur la cause de la mort : des lésions de péritonite généralisée sont constatées, la suture utérine étant étanche par ailleurs. L’origine de la péritonite est attribuée au passage dans l’abdomen de contenu hautement septique du rumen lors de son incision accidentelle par la stagiaire.
  
  L’incision par erreur du rumen est une faute chirurgicale. Il est de la responsabilité du chirurgien de prendre toutes les précautions pour éviter ce type d’incident. 
  
  Responsabilité retenue, en lien avec le manque d’expérience de la stagiaire.
   
• Le sociétaire est appelé pour un vêlage. La vache présente une torsion utérine. La taille du veau empêche son extraction par les voies naturelles. Une césarienne est décidée.
  
  Après ouverture de la cavité abdominale, le sociétaire a l’habitude de ponctionner l'utérus au niveau des jarrets du veau. Cependant, ceux-ci sont tournés vers le côté opposé à l'ouverture de laparotomie. Le vétérinaire ne parvient pas à les rapprocher et il doit ponctionner l'utérus "en aveugle" à bout de bras. L'extériorisation du veau, ainsi que la suite de la césarienne se déroulent sans difficulté particulière. La vache meurt le lendemain.
  
  L’autopsie montre la présence d'une péritonite congestive. Le contenu digestif dans la cavité abdominale provient d'une brèche ponctiforme présente au niveau de l'intestin grêle. La péritonite, à l'origine de la mort, a été déclenchée par la contamination de la cavité abdominale par le contenu intestinal. La brèche intestinale a laissé passer du contenu intestinal dans l'abdomen. Il s'agit, à l'évidence, d'une manipulation malencontreuse de la masse intestinale. Très probablement sa ponction accidentelle lors de l'ouverture utérine pratiquée à l'hystérotome.
  
  L'accès difficile et en aveugle du site de ponction constituait un risque certain de survenue d'un tel incident. La présence de cette brèche intestinale constitue une faute chirurgicale. 
  
  Responsabilité retenue.
   
• Césarienne sur une vache charolaise. La vache est placée en cage de contention mais l’ouverture de la barrière sur le flanc gauche de la vache, normalement en regard du site opératoire est, ici, trop basse et il est impossible de la rehausser.
  
  Après ouverture de la cavité abdominale, le praticien constate que le veau est placé dans la corne droite et que les intestins s’interposent entre l’ouverture de laparotomie et l’utérus. Le sociétaire est obligé de les écarter d’une main tandis qu’il se saisit de l’utérus de l’autre. Il doit cependant les lâcher lors de la ponction de l’utérus à l’hystérotome : il doit manipuler l’instrument d’une main tandis que l’autre maintient l’utérus. Les anses intestinales, libres, s’extériorisent quelque peu. Le praticien se saisit des pattes du veau et l’extrait du ventre de sa mère, non sans avoir été obligé d’agrandir la plaie chirurgicale en raison de sa taille imposante.
  
  La parturiente est saisie de violentes contractions abdominales qui déclenchent une extériorisation, massive cette fois, des intestins. Le propriétaire est contraint d’utiliser sa planche à césarienne pour éviter que ceux-ci ne soient entraînés par leur propre poids de façon trop importante, ainsi que de l’assistance de l’éleveur pour les replacer dans l’abdomen. Le reste de la césarienne se déroule sans autre difficulté. L’état de la vache se dégrade rapidement et elle meurt quatre jours après la césarienne.
  
  L’autopsie pratiquée permet de relever la présence de lésions intestinales significatives : une portion de l’intestin grêle présente un œdème ayant entrainé un arrêt du transit et des lésions inflammatoires localisées. La vache a manifestement succombé à un syndrome occlusif. Compte tenu de la rapidité d’apparition des symptômes après l’opération il est certain que les lésions intestinales à l’origine de ce syndrome ont été provoquées lors de la césarienne. Le sociétaire et l’éleveur ont précisé qu’une anse intestinale était encore extériorisée lors de l’extraction du veau, étant ainsi "coincée" entre la marge de la plaie abdominale et le fœtus.
  
  Ce genre d’incident n’est pas exceptionnel, et la plupart du temps, sans conséquence. Toutefois le risque d’une contusion marquée de l’intestin est incontestable et la "bonne pratique obstétricale" oblige à éviter cette situation en maintenant les intestins dans la cavité abdominale jusqu’à ce que le veau occupe tout l’espace de la plaie de laparotomie.
  
  Le sociétaire n’a pas respecté cette précaution et les lésions intestinales observées sont très probablement la suite de ce manquement. 
  
  Responsabilité engagée. 

   Obstétrique autre que césarienne

• Le sociétaire intervient pour un vêlage difficile sur une vache. A son arrivée, le veau est mort en position de siège avec la matrice plaquée sur le veau. Les manœuvres obstétricales multiples entreprises permettent de remettre en bonne position le veau et de pratiquer une extraction forcée. 
  
  Le praticien examine succinctement les voies génitales en fin d’intervention, sans découvrir de lésions particulières. Trois jours plus tard, la vache ne mange pas et présente une déchirure de toute la partie supérieure de l’utérus. L’euthanasie est décidée.
  
  Les manipulations visant à remettre en place un veau qui se présente en siège sont délicates car le risque de perforer la matrice est important. Dans le cas présent, avec un veau mort et une matrice adhérente à ce dernier, le risque est encore majoré. Compte tenu des multiples manœuvres obstétricales mises en œuvre, il est évident que la déchirure s’est produite lors du vêlage, que ce soit lors de la remise en place des pattes ou bien lors de l’extraction du fœtus.
  
  La responsabilité du vétérinaire n’est pas forcément engagée dans ce cas car l’état de la matrice, probablement fragilisée et surtout le fait qu’elle soit "spasmée" sur le veau augmentait le risque de perforation. Pour autant, l’autre possibilité qui aurait consisté à pratiquer une césarienne sans défaire le siège aurait présenté de forts risques de complications également (déchirure aléatoire de la matrice, écoulements de jus septiques du veau mort dans l’abdomen...). Ainsi la décision de faire un vêlage ne peut être remise en cause.
  
  En revanche, il est de la responsabilité du praticien de réaliser un examen complet et minutieux des voies génitales après tout vêlage et a fortiori après un vêlage dans ces conditions dégradées. Cela aurait permis de tenter une suture de la plaie afin d’éviter la péritonite fatale.
  
  Responsabilité engagée pour manquement à son obligation de moyens.

   Reproduction autre qu'obstétrique

• Le 23 février, le sociétaire effectue des diagnostics de gestation par échographie. Les vaches sont prises au cornadis et calmes. Lors de l’introduction de la sonde de l’échographe dans le rectum de la première d’entre elle, il perçoit nettement que ladite sonde plonge anormalement dans la muqueuse rectale. Il comprend immédiatement que la paroi de l’intestin a dû être transpercée par l’appareil. Il prévient l’éleveur et hésite à pratiquer une laparotomie pour tenter de suturer la brèche accidentelle du rectum. A la réflexion, il espère que seule la muqueuse rectale est lésée mais que la musculeuse et la séreuse ont tenu bon.
  
  L’évaluation du bénéfice risque de l’intervention envisagée est plutôt en faveur de l’expectative. Hélas, les coliques qui apparaissent rapidement démentent l’hypothèse favorable formulée par le praticien et la vache meurt au cours de la journée suivante.
  
  L’autopsie ne permet pas de déceler une anomalie quelconque de la paroi du rectum ayant pu favoriser sa déchirure. Cette perforation est à l’origine d’une péritonite aigue qui a emporté l’animal. La sonde utilisée, sonde barrette, est parfaitement adaptée et le sociétaire utilise un gel lubrifiant comme il se doit. Les accidents de ce type, pour rares qu’ils soient, au moins dans l’espèce bovine surviennent parfois, sans qu’il soit vraiment possible d’identifier le geste fautif qui pourrait en être la cause.
  
  Il est évident que l’accident est directement lié à la manipulation effectuée par notre sociétaire, sans qu’une cause particulière puisse nous autoriser à évoquer l’aléa. Et force est de reconnaître que le sociétaire n’a pas été à même de respecter une obligation qui, dans ce cas, équivaut à une obligation de résultat.
  
  Responsabilité retenue.

    Drenchage

• Le sociétaire réalise un drenchage sur une vache laitière. L’animal présente un arrêt du transit digestif. Après avoir administré 1/2 litre de la solution, la vache vacille, présente des troubles respiratoires et meurt en quelques minutes.
  
  L’autopsie a révélé la présence de liquide de drenchage dans la trachée avec pneumonie lobaire séro-hémorragique. La fausse déglutition est sans équivoque. Elle est responsable de la mort de cet animal.
  
  Le principal risque du drenchage est de ne pas envoyer le liquide dans le rumen mais dans les poumons et de "noyer" l’animal. Dans le cas présent, la présence de liquide dans la trachée ne laisse aucun doute sur la mauvaise intubation de l’animal, la sonde a été introduite dans la trachée et non dans l’œsophage provoquant la détresse respiratoire rapidement. La réalisation technique de cet acte est de la responsabilité du vétérinaire.
  
  Responsabilité engagée.

   Certification/Identification

• Le sociétaire réalise des prises de sang dans le cadre de la prophylaxie. Une analyse supplémentaire est demandée sur 148 bovins afin de déterminer si elles sont gestantes. Les tubes ne sont pas identifiés immédiatement mais sont rangés avec une liste attenante de numéros. Les étiquettes sont collées par une ASV. L’éleveur reçoit les résultats et oriente ses vaches vers l’engraissement ou la préparation au vêlage selon les résultats.
  
  Au bout de quelques mois il s’aperçoit que certaines vaches à l’engraissement sont gestantes et que des vaches censées être pleines sont vides. Par recoupement, il s’avère que des inversions ont été réalisées au moment de la pose des étiquettes. Ces inversions n’ont, par chance, pas eu de conséquence sanitaire grave, les résultats des tests sérologiques de la prophylaxie étant tous négatifs. L’éleveur demande un remboursement des analyses de diagnostic de gestation.
  
  L’erreur d’étiquetage des tubes est une faute de la responsabilité du vétérinaire préleveur, d’autant plus qu’il s’agissait d’une opération de prophylaxie sanitaire.
  
  Responsabilité engagée. 

Animaux de compagnie

Chats et chiens

 Autour de la prescription

• Un chien est vu en consultation pour des désordres digestifs. Après un bilan sanguin satisfaisant, des traitements symptomatiques sont mis en place. Un mois plus tard, le chien est revu car la diarrhée n’est pas complètement résolue, les vomissements ont repris depuis 2 jours, et un amaigrissement est noté. Suite aux traitements entrepris, les vomissements cessent et le chien s’alimente spontanément. Un mois plus tard, il est revu en urgence car il présente des troubles de l’équilibre. Le tableau clinique est alarmant. Le vétérinaire émet l’hypothèse d’une intoxication au métronidazole (sans pouvoir la confirmer en l’absence de la réalisation d’une IRM).
  
  L’état du chien s’améliore progressivement. Le Métrobactin^® (métronidazole) a été prescrit à une posologie double par rapport à celle recommandée (50mg/kg 2 fois par jour au lieu de 25 mg/kg 2 fois par jour). Avec cette molécule, ce surdosage est suffisant pour occasionner des troubles neurologiques. L’évolution satisfaisante à l’arrêt du traitement est également en faveur de ce surdosage.
  
  Responsabilité retenue pour surdosage médicamenteux.

 Autour de la contention

• Un chien présente des troubles digestifs nécessitant son hospitalisation. Au cours de celle-ci, il se fracture le tibia alors qu’il a été laissé seul dans une cage. Les radiographies effectuées sur place confirment la lésion osseuse. La fracture n’occasionne pas de séquelle conséquente. L’accident s’est produit alors que l’animal était hospitalisé.
  
  Le vétérinaire est responsable des dommages subis par l’animal qui lui a été confié, pour autant que le dommage soit sans rapport avec la pathologie qui a motivé son hospitalisation.
  
  Responsabilité retenue.

 Autour de la stérilisation

• En avril, une ovariectomie de convenance est pratiquée sur une chienne. En septembre de la même année, la chienne manifeste un comportement de chaleurs manifeste avec pertes vulvaires sanguinolentes. Le praticien pratique une hystérectomie et, selon son employeur, découvre un résidu ovarien sur l’un des deux pédicules. Depuis, avec une régularité d’horloge, la chienne présente un comportement de chaleurs caractéristiques tous les 6 mois. Les dosages d’œstradiol et de progestérone effectués au moment des chaleurs et peu après semblent confirmer la présence de tissu ovarien. Une autre clinique propose de réintervenir pour retirer le tissu ovarien résiduel.
  
  La stérilisation d’une chienne est une intervention de convenance. A ce titre, le vétérinaire est soumis à une obligation de moyens renforcés quant à l’intervention, et une obligation de résultat quant à son objet : le retrait des ovaires.
  
  Ainsi, la persistance de tissus ovariens sur cette chienne, si elle est avérée, est de nature à engager la responsabilité du sociétaire. La régularité des comportements de chaleurs de la chienne, les signes cliniques associés (pertes vulvaires sanguines) et les examens pratiqués, ne laissent planer que peu de doute : la rémanence ovarienne est confirmée lors de l’intervention. Et force est de conclure que l’intervention initiale du sociétaire est fautive, ainsi que la seconde, "de rattrapage".
  
  Responsabilité engagée.
   
• Une chatte est stérilisée (ovariectomie). Quelques mois plus tard la chatte recommence à avoir ses chaleurs selon la propriétaire. Elle aurait présenté un résultat de progestéronémie anormalement élevé pour une chatte stérilisée. Le sociétaire a réopéré la chatte et atteste avoir retiré une pièce anatomique ayant l’apparence d’un ovaire à l’extrémité distale de la corne utérine droite.
  
  La stérilisation d’une chatte est une intervention de convenance. A ce titre, le vétérinaire est soumis à une obligation de moyens renforcés quant à l’intervention, et une obligation de résultat quant à son objet : le retrait des ovaires.
  
  La propriétaire ayant apporté la preuve qu’un ovaire ou fragment d’ovaire a été laissé en place, la responsabilité du sociétaire est engagée.
  
  Responsabilité retenue pour non-respect de l’obligation de moyens renforcée. 
   
• Une chienne est hospitalisée pour une ovariectomie de convenance. Vers 18 h, quand le propriétaire vient récupérer sa chienne, celle-ci s’effondre. Elle présente une pâleur des muqueuses laissant suspecter une hémorragie interne. Elle est réopérée immédiatement. Une hémorragie massive est constatée dans l’abdomen. Les pédicules ovariens ne semblent pas saigner mais de nouvelles ligatures sont cependant posées, et des petits saignements de la paroi abdominale sont également pris en charge. A la suite de cette ré-intervention la chienne meurt dans la soirée.
  
  Selon toute vraisemblance, elle est morte du choc opératoire consécutif à une prise en charge tardive d’une hémorragie abdominale. Les interventions de convenance sont soumises à une obligation de moyens renforcée. L’hémostase n’a pas été maîtrisée, occasionnant une hémorragie post­opératoire massive. La surveillance n’a pas été rapprochée durant le reste de l’après-midi, et malheureusement ce n’est qu’en rendant la chienne que le vétérinaire s’est aperçu, en même temps que le propriétaire, de l’état de choc hémorragique dans lequel se trouvait la chienne. La prise en charge s’en est trouvée compliquée (perte de chances) et l’animal n’a pas survécu.
  
  Responsabilité retenue pour défaut d’hémostase lors d’une chirurgie de convenance et défaut de suivi post-opératoire ayant entraîné une perte de chances dans la prise en charge de l’hémorragie.

 Autour de la césarienne

• Dans la nuit, une césarienne est réalisée en urgence sur la chienne Staffordshire Bullterrier, femelle de 3 ans, car la mise-bas est impossible. La chienne a déjà eu une césarienne l’année précédente. L’opération se déroule classiquement. En revanche, l’utérus est fin et "fatigué" par les contractions infructueuses. Six chiots sont extraits vivants. La chienne est rendue après réveil complet.
  
  Trois jours plus tard, la chienne est revue à domicile pour hyperthermie et abattement. Elle est placée sous antibiotique et anti-inflammatoire avec rendez-vous le lendemain pour examen approfondi. L’animal présente une péritonite.
  
  Une nouvelle opération est réalisée, la suture utérine est déhiscente sans rupture du fil et des nœuds mais la paroi utérine trop fragile n’a pas permis une fermeture convenable de l’utérus. Une hystérectomie est réalisée ainsi qu’un rinçage de l’abdomen. Lors d’une césarienne, le chirurgien réalise une incision sur l’utérus afin d’extraire les chiots. A la fin de cette extraction, il doit réaliser une suture étanche de l’utérus. 
  
  Dans le cas présent, la suture s’est maintenue mais l’utérus, trop fragile, n’a pas tenu. La déhiscence de l’utérus est à l’origine de la péritonite observée. Par chance, sa détection rapide a permis via l’hystérectomie de sauver la chienne. Au cours de la césarienne, le chirurgien doit évaluer la fragilité éventuelle de l’organe et s’assurer que ses sutures seront en mesure de créer une étanchéité suffisante.
  
  Responsabilité engagée pour mauvaise option chirurgicale. 

 Certification vente chiot ou chaton

• Le sociétaire réalise la primovaccination et l’identification d’une portée de ShiTzu. Un chiot reçoit comme ses frères et sœurs un certificat de cession ne mentionnant aucune anomalie. Deux jours plus tard, le chiot est cédé. Le nouveau propriétaire s’aperçoit deux jours après l’achat que la chienne présente une malformation sur l’œil et une hernie ombilicale.
  
  Un autre vétérinaire atteste la présence du dermoïde cornéen sur l’œil droit, d’une hernie ombilicale et une rétrognathie (mâchoire inférieure plus courte que la supérieure).
  
  Le contrat de vente stipulait clairement les modalités de recours (contre visite et accord préalable à toute intervention), faute desquelles, le vendeur serait de facto déchargé de toute garantie. Dans un souci d’apaisement, un accord a été trouvé. L’éleveur a concédé de dédommager le propriétaire de 200 € pour le dermoïde cornéen et de prendre en charge la correction de la hernie ombilicale par l’intermédiaire de la clinique vétérinaire.
  
  Concernant la responsabilité du vétérinaire, le dermoïde étant une anomalie congénitale présente dès la naissance, elle est manifestement passée à côté. Elle a donc rédigé un certificat erroné.
  
  Responsabilité retenue pour défaut de diagnostic mais le vétérinaire n’est pas responsable de la présence de celle-ci. 

 Erreur de diagnostic fautive

• Un bouledogue anglais de 9 mois présente une baisse d’appétit avec fatigue depuis quelques jours. La chienne vient de terminer ses premières chaleurs il y a 8 jours. Elle présente une légère hyperthermie. L’examen neurologique conduit permet de diagnostiquer un reflex panniculaire diminué (de petites piqûres ou pincement sur la peau à l’aide d’une aiguille déclenche une légère contraction des muscles superficiels du dos).
  
  Le praticien diagnostique une lombalgie. Il évoque cependant la possibilité d’une infection utérine post-oestrus mais l’absence de PUPD et l’âge de la chienne, lui font écarter cette hypothèse dans un premier temps. Il prescrit un traitement à visées antalgique et antiinflammatoire. Les jours suivants, l’état de la chienne tend à s’améliorer bien que son appétit reste diminué et qu’elle présente quelques vomissements. Brutalement, son état se dégrade, elle présente de nombreux vomissements, une polypnée. La chienne meurt avant que les maîtres n’aient eu le temps de consulter le vétérinaire de garde.
  
  L’autopsie relève la présence d’une anomalie vertébrale susceptible d’expliquer la symptomatologie neurologique.
  
  L’ouverture de la cavité abdominale révèle la survenue d’une péritonite aigue, complication d’une métrite à col fermé (pyomètre) dont souffrait l’animal. La symptomatologie présentée par cette chienne était bien fruste. Les commémoratifs (chienne jeune, premières chaleurs récentes) n’étaient pas en faveur d’une infection utérine et la présence de symptômes neurologiques concomitants compliquait grandement le diagnostic. Certains symptômes (vomissements, PUPD, hyperthermie ...) pouvaient laisser présager l’évolution sous-jacente d’une pathologie utérine, or, il n’a pas été conduit les examens permettant de vérifier cette hypothèse. Une échographie abdominale aurait pourtant suffi.
  
  L’anomalie vertébrale découverte à la faveur de la radiographie post mortem expliquait les troubles neurologiques. Mais le fond du problème était tout autre et l’absence d’examens complémentaires n’a pas permis de le découvrir. Défaut de moyen fautif. Par ailleurs, le traitement prescrit a largement contribué à masquer les symptômes qui auraient pu signer l’évolution de cette pathologie, les jours suivants.
  
  Responsabilité retenue.

 Formalités voyage

• Un salarié de notre sociétaire a commis une erreur par omission avec un client. Ces clients sont venus en consultation un mois avant leur départ en vacances pour la Norvège. Il a vacciné contre la rage, fait un passeport, mais ne leur a pas dit qu'ils devaient revenir un jour avant leur départ pour les dernières formalités (administration d'un antiparasitaire). Lors de leur arrivée en Norvège, ils se sont fait saisir le chien car il manquait ces dernières formalités. Il a été mis en fourrière, ils ont dû modifier les conditions de leur séjour et ils ont eu 600 € de frais.
  
  Le vétérinaire est tenu dans ce domaine à une obligation d’information.
  
  Responsabilité engagée. 

 Chirurgie

• Un chien présente une boiterie du membre antérieur gauche à la suite d’une chute. La radiographie met en évidence une fracture du métacarpe. Une résine est mise en place afin d’immobiliser le membre. La résine s’étant un peu déplacée au bout de quelques jours, elle est remplacée par une attelle.
  
  Deux jours après, le chien est revu car il n’est pas en forme, présente une hyperthermie et une anorexie : sous l’attelle, une plaie nécrosée est découverte, découlant selon toute vraisemblance d’un défaut de vascularisation suite au pansement trop serré. Le chien est hospitalisé pour un suivi rapproché : son état général s’améliore au fil de la semaine, mais la gangrène de la patte ne peut être enrayée, d’où une décision d’amputation. Malgré cette chirurgie, la plaie se réinfecte et sa propagation conduit à une décision d’euthanasie.
  
  La pose d’un pansement de maintien pour une attelle est de la responsabilité du vétérinaire : il doit permettre la tenue de l’attelle sans pour autant trop serrer la patte. Or dans le cas présent une plaie de nécrose est rapidement apparue, témoignant d’un défaut de vascularisation suite au pansement trop serré.
  
  Responsabilité engagée.
   
• Le sociétaire examine un chiot York de quatre mois car il est très abattu et ne mangeait pas depuis deux jours. A l’examen le chiot présente une hyperthermie et une inflammation de la gorge avec vive douleur à l’ouverture de la gueule.
  
  L’animal est sédaté pour examiner la cavité buccale. Le praticien administre 0,15 ml de médétomidine. Cela permet d’observer qu’il y a présence d’un corps étranger (épillet) planté dans l’amygdale droite. La sédation est insuffisante pour l’extraction ; 0,15 ml de Kétamine 500 sont administrées. Le chiot dort plus profondément et l’extraction est réalisée. Le réveil est réalisé par injection de 0,15 ml d’atipamézole. Mais le chien respire anormalement lentement. Le chiot meurt quelques minutes plus tard malgré les manœuvres de réanimation.
  
  Toute anesthésie n’est pas sans risque et les réactions individuelles sont importantes. La sédation était d’autant plus à risques qu’il s’agissait d’un jeune animal, de petite taille (1 kg) et potentiellement en hypoglycémie (anorexie de 48 h chez un jeune animal). La manœuvre a été potentiellement douloureuse, ce qui a pu accentuer la bradychardie et provoquer le choc anesthésique. L’examen des posologies utilisées montre l’utilisation de médétomidine à des doses supérieures à L’AMM (0,15 ml/kg alors que la dose maximum préconisée est de 0,10 ml/kg). Il est impossible de savoir si ce surdosage est responsable du choc, mais il engage la responsabilité du praticien.
  
  En conclusion, il s’agit probablement d’un aléa anesthésique mais l’utilisation d’une dose hors AMM engage la responsabilité du praticien. 
   
• Un chien de chasse est pris en charge en urgence à la suite d’un accident de chasse. Le chien présente une plaie profonde en région périnéale à proximité du scrotum.
  
  Une exploration sous anesthésie générale est réalisée. Le muscle obturateur est sectionné, la gaine testiculaire est intacte. Le muscle est suturé et la plaie cutanée refermée. Le chien est rendu le lendemain avec un traitement antibiotique. Le chien va bien. Le soir même, le chien semble présenter des difficultés à uriner, le vétérinaire de garde est appelé. Il conseille de surveiller et propose de le ramener le lendemain s'il n’urinait pas d’ici-là. Le lendemain le chien est abattu, l’entre jambe est gonflé et il n’a pas uriné.
  
  Le propriétaire rappelle la clinique. Le seul vétérinaire de garde lui demande de patienter. Le propriétaire prend contact avec son vétérinaire traitant qui constate que l’urètre est sectionné et le chien urine dans la plaie. Le chien est hospitalisé et perfusé jusqu’à son opération le lendemain. Une urétrostomie a été réalisée. Le chien est castré. Les suites ont été normales. La lésion de l’urètre n’a pas été consécutive à la première intervention mais à un coup de défense d’un sanglier.
  
  Lors de la première intervention, les premiers soins ont eu pour but de stabiliser la plaie, juguler tout saignement essentiellement. Le vétérinaire n’est pas allé chercher en profondeur car c’était au risque d’aggraver une plaie déjà délabrante. Il n’a pas sondé le chien à raison car si l’urètre était juste fragilisé, il risquait d’entrainer sa rupture. Il a donc rendu l’animal à la surveillance par ses propriétaires. Le lendemain, le chien allait bien et a été naturellement rendu.
  
  Les signes de problèmes urinaires, bien que présents dès l’accident, ne se sont manifestés que le samedi soir.
  
  Responsabilité écartée. 

NAC

• Un lapin présente des troubles urinaires. En le sortant du carton dans lequel il était enfermé, la sociétaire laisse échapper le rongeur qui chute au sol en couinant. Elle l’enveloppe rapidement dans une serviette pour le contenir et pratique une échographie et un recueil d’urine, en ayant pris soin de l’anesthésier au masque au préalable. Elle le restitue à sa maîtresse, encore sédaté, pour lui permettre de retourner au plus vite dans son milieu habituel et limiter son stress.
  
  Le soir même, la propriétaire de l’animal appelle la sociétaire car le lapin ne parvient pas à se tenir sur ses pattes arrière. L’examen clinique laisse peu d’espoir et la radiographie confirme une lésion vertébrale. Le lapin est opéré dans une clinique spécialisée pour les NAC.
  
  La propriétaire réclame le remboursement des frais engagés. L’accident est lié à un défaut de contention de l’animal, contention qui incombe au vétérinaire.
  
  Responsabilité retenue.

Cheval

• Le sociétaire intervient pour une jument souffrant de coliques abdominales. Celui-ci arrivé rapidement après l'appel de l’éleveuse a procédé à un examen classique de l'animal, comportant la palpation transrectale. Cet examen a été réalisé dans de bonnes conditions mais, malgré cela, une perforation rectale a été effectuée par le vétérinaire.
  
  L’autopsie réalisée confirme la perforation rectale. Il est évident que la perforation rectale a été effectuée par le praticien lors de son examen palpatoire.
  
  Responsabilité engagée avec une perte de chance estimée à 50 %.