Si le patient connaît déjà sa séropositivité et choisit de la taire, il place l’équipe médicale, qui ne peut imposer un test systématique, dans une situation dangereuse. Par ce choix et l’absence de mesure de prévention, il peut exposer les soignants à un risque de contamination.
En dehors de l’hypothèse d’une contamination avérée, le fait de faire courir un risque aux professionnels de santé est-il condamnable, et donc de nature à justifier l’obligation de révéler sa séropositivité à l’admission dans un établissement de soins ?
D’un point de vue juridique, le Code pénal prévoit l’hypothèse de « risque causé à autrui », c'est-à-dire lorsqu’il n’y a eu ni blessure ni décès, mais uniquement une mise en danger.
Ainsi, selon l’article 223-1, « le fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ».
Cette infraction n’est cependant constituée qu’à la condition que l’intéressé ait violé de façon délibérée une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement.
La condamnation supposerait donc que le patient ait l’obligation, en application d’une loi ou d’un décret, de déclarer sa séropositivité aux soignants. Or, aucun texte n’impose une telle révélation.
En l’absence de violation d’un texte spécifique, il ne peut y avoir en principe de sanction pénale sur ce fondement. La faute d’imprudence, que pourrait constituer le silence gardé par le patient, ne suffirait donc pas a priori à justifier des poursuites à son encontre.
Il n’est pas certain en outre que la perspective d’une condamnation pénale constitue un facteur de persuasion du patient à révéler sa séropositivité à l’équipe, et permettre parallèlement de lutter efficacement contre la maladie.