Le mal-être des étudiants en chiffres
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et reflètent une réalité inquiétante : les étudiants en médecine, les internes et les jeunes médecins forment une catégorie de population particulièrement concernée et impactée en matière de santé mentale.
Les données issues des enquêtes les plus récentes confirment cette tendance. Ainsi l’enquête « Santé mentale des étudiants en médecine » de l’ANEMF-ISNAR-ISNI réalisée en 2023-2024 révèle que :
- environ 70% des étudiants en médecine présentent des symptômes d'anxiété ;
- près de 30% montrent des signes de dépression ;
- 40% des étudiants en médecine présentent des symptômes de burn-out ;
- plus de 60% ont envisagé d'abandonner leurs études à un moment donné.
Avec le temps, cette situation n’évolue pas. En effet, les chiffres de cette enquête sont quasi similaires aux données récoltées dans l’étude précédente, menée en 2021.
Les données montrent que ce mal-être persiste jusqu’à la fin du cycle d’études et se retrouve encore chez les jeunes praticiens :
- 63% des internes présentent des signes d’épuisement professionnel,
- 28% d’entre eux déclarent avoir eu des idées suicidaires
- 24% disent envisager une reconversion professionnelle.
Quant aux jeunes médecins, les données du rapport du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) révèlent qu’ils continuent, une fois en exercice, d’être confrontés aux mêmes difficultés.
À lire aussi : Santé mentale des internes : comment prévenir l’épuisement et relever les défis psychologiques ? >
Étudiants en médecine, comment reconnaître les symptômes du burn out ?
Afin de ne pas laisser s’installer le mal-être pouvant conduire à l’épuisement, l’anxiété puis à un état dépressif, vous devez savoir reconnaître les symptômes les plus fréquents du burn-out, ou de l’épuisement professionnel :
- symptômes émotionnels : anxiété, tristesse et manque d’entrain, absence d’émotion et jusqu’aux pensées suicidaires,
- symptômes cognitifs : troubles de la mémoire, de l’attention et des fonctions exécutives (penser, s’organiser, apprendre…), difficultés de concentration,
- symptômes comportementaux : repli sur soi, isolement social, comportement agressif, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité, troubles du comportement alimentaire, toxicomanie,
- symptômes physiques : tensions musculaires diffuses et crampes, troubles du sommeil, musculo-squelettiques, gastro-intestinaux, maux de ventre, cutanés, céphalées, vertiges, infections fréquentes.
Agissez pour vous-même comme vous le feriez pour un patient ou futur patient. La survenue et la persistance d’un ou plusieurs de ces symptômes doit vous inciter à réagir pour ne surtout pas vous enfermer dans le silence et le déni.
Mieux comprendre les facteurs de risque intrinsèques aux études en santé
Programme et cursus académique exigeants, organisation des études et des stages, confrontation à la maladie et à la douleur : la filière des études de médecine vous expose particulièrement à plusieurs facteurs de risques pouvant favoriser l'apparition d’un burn-out. Dont en premier lieu : l'environnement d'études et de travail.
Vous suivez un cursus rythmé par une alternance de périodes de stage, d'études et d'examens. Vous devez être en mesure de gérer de nombreuses priorités pour parvenir à tout mener de front. Ce parcours implique une forte charge de travail, des semaines à rallonge, des horaires décalés, du stress : autant d’éléments qui constituent des facteurs de risque du burn-out.
En tant qu'étudiant en médecine, vous êtes également concerné par le risque lié au traumatisme vicariant, ce « traumatisme par procuration » affectant les personnes confrontées quotidiennement à des situations émotionnellement difficiles : la maladie, la douleur, la souffrance et la mort.
Connaître ces données permet de mieux identifier les situations potentiellement risquées, repérer les phases ou états qui doivent attirer l’attention afin de mieux vous protéger de tout « passage à vide ».
Agir face au risque de burn-out
Que faire si vous pensez souffrir d’épuisement professionnel ? Il n’existe pas de mode d’emploi ou de recette toute faite pour lutter contre la survenue d’un burn-out dans la mesure où le niveau de résistance/fragilité varie selon les personnalités.
Toutefois, il est possible de lister quelques grands principes à suivre permettant de se prémunir et de se protéger durant les années compliquées et intenses de votre formation en médecine :
- s’écouter : soyez à l’écoute de votre corps dont les réactions révèlent l’état de votre mental,
- s’organiser : lorsque vous vous sentez débordé, faire une liste priorisant les tâches que vous devez accomplir vous aidera à y voir plus clair et à mettre la pression à distance. Et, si vous êtes débordé, voyez comment déléguer, vous faire aider,
se protéger :
- apprenez à reconnaître les situations qui vous stressent pour mieux les éviter et vous fixer des objectifs réalistes sans chercher à vouloir en faire toujours plus.
- Même si dire « non » peut sembler impossible, surtout dans un environnement très hiérarchisé, vous avez le droit d’exprimer vos limites. Si une mission vous semble irréalisable, parlez-en. Faites part de vos doutes, de votre fatigue ou de vos contraintes à un encadrant de confiance. Cela peut éviter que la situation ne s’aggrave, et ouvrir un dialogue plus sain.
- Évitez de vous comparer aux autres et à leurs performances.
- Prenez soin de vous : protégez votre sommeil, veillez à avoir une alimentation équilibrée et une pratique sportive régulière.
Il faut :
- Prendre un moment pour soi : quand la situation devient trop lourde, essayez, si vous le pouvez, de faire une pause et de prendre un peu de recul. Se demander ce qui pèse, ce qui ne va plus, peut être une première étape vers une prise de conscience. Cela permet parfois de mieux comprendre ce qui vous affecte, et d’envisager petit à petit des pistes pour aller mieux.
- Ne pas s’enfermer : en cas de stress, parlez-en autour de vous, à vos proches, à vos amis, à vos supérieurs, à votre médecin traitant et, si besoin, consulter un psychologue pour faire le point sur vos fragilités/difficultés afin qu’elles ne soient que passagères.
Mal-être, angoisse, stress, burn-out : vers qui se tourner ?
N’hésitez pas à vous appuyer sur les ressources disponibles en matière d’aide que ce soit à l’hôpital, en ville, à l’université. Associations, cellules de soutien, professionnels de santé et consultation psychologique vous aideront à faire un bilan et agir afin de prévenir un burn-out, comme à prendre les mesures nécessaires pour vous en sortir.
À l’hôpital, près de chez vous, des ressources d’aides sont disponibles. Au-delà des soutiens existants entre étudiants ou entre pairs et des réseaux de solidarité, vous pouvez aussi vous appuyer sur ces organismes :
- Assistance psychologique des internes,
- Soins aux professionnels de santé (SPS), n° Vert : 0805 23 23 36
- Santé Psy Étudiant : un site dédié à l’accompagnement psychologique pour les étudiants
- Fil santé jeunes : un site et un numéro de téléphone (0 800 235 236) dédiés.
La MACSF s'engage pour votre santé mentale
Sociétaires MACSF, votre assureur agit contre les troubles anxieux et dépressifs avec la mise à disposition de services destinés aux soignants pour lutter contre les situations de stress, d’épuisement psychologique et de dépression.
Avec l’assistance psychologique de la MACSF, disponible par exemple au sein des contrats mutuelle santé et prévoyance, vous bénéficiez sans frais d’un accompagnement : entretiens avec un psychologue et hotline accessible à tout moment.
Pour tout savoir sur l'assistance psychologique proposée par la MACSF, consultez notre article : L’assistance psychologique de la MACSF en 5 points clés >
Parler de votre mal-être n'est pas un signe de faiblesse, mais de lucidité. La prévention du burn-out passe avant tout par la reconnaissance de cette réalité et par le dialogue. En tant que futurs soignants, prendre soin de vous-même constitue non seulement une nécessité personnelle, mais aussi un devoir professionnel. Les ressources d'aide existent, les utiliser témoigne d'une démarche responsable et d'une volonté de se préserver pour mieux soigner demain.
Burn out des étudiants en médecine - questions fréquentes
Comment gérer le burn-out en tant qu’étudiant en médecine ?
Les étudiants en médecine sont particulièrement exposés au risque de burn-out. Identifier les causes, adopter les bons réflexes et habitudes permet de mieux prévenir ou gérer les épisodes difficiles et de ne pas se laisser enfermer dans cet état qui peut conduire à la dépression.
Quel est le taux d’épuisement professionnel chez les étudiants en médecine ?
Près d’un tiers des étudiants en médecine montrent des signes de dépression, tandis que 40% d’entre eux présentent des symptômes de burn-out. La fragilité des étudiants en matière de santé mentale tient à aux facteurs de risque liés à l’épuisement professionnel intrinsèque aux études médicales.