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La journée internationale des infirmières a lieu tous les 12 mai, depuis 1965 ; l’occasion de retracer l’histoire d’un métier et de sa professionnalisation, intervenue au gré des avancées de la médecine et des besoins en santé publique. Nouvelles compétences et responsabilités : les infirmiers sont plus que jamais au cœur de la relation avec le patient et au cœur de l'actualité législative.
Infirmière, un peu d’histoire
Apparu pendant les grandes épidémies du Moyen Âge, le rôle soignant des infirmiers se limite à l’origine à l’accueil des malades et se confond longtemps avec la charité.
Il faut attendre le XVIIe siècle et la création par Vincent de Paul de la Compagnie des Filles de la Charité, société de vie apostolique féminine, pour voir leurs missions prendre davantage en compte les besoins des malades. Pour mieux soigner, le fondateur incite les sœurs à se former.
Au début du XIXe siècle, la fonction de soignants reste majoritairement occupée par des religieuses-soigneuses. Dans la deuxième partie du siècle, ce sont notamment les soins portés aux malades sur les champs de bataille qui font évoluer les fonctions des infirmières.
La profession d’infirmière commence à se structurer avec l’essor de la Croix-Rouge. La Société de Secours aux Blessés Militaires, créée en 1864, place les femmes au cœur de son activité de secours aux militaires touchés au combat. Dès lors, la nécessité d’un soutien expérimenté au corps médical sur les champs de bataille, mais également dans les hôpitaux, se fait de plus en plus sentir.
La professionnalisation du métier doit beaucoup à Florence Nightingale. Cette infirmière anglaise née en 1820 s’illustre au cours de la guerre de Crimée (1853-1856). Elle joue un rôle déterminant dans la lutte contre les maladies infectieuses. Surnommée la « Dame à la lampe », elle œuvre sans relâche pour améliorer l’hygiène et l’état des hôpitaux en plaidant pour la formation des infirmières qu’elle contribue fortement à organiser et structurer en fondant une école, en 1860, au sein de l’hôpital Saint-Thomas.
Le modèle britannique est repris en France et se laïcise sous l’impulsion du docteur Bourneville. L’assistance supplante la charité avec la Loi du 15 juillet 1893 qui instaure l’assistance médicale gratuite et oblige l’Etat à organiser la formation des infirmières dans des écoles professionnelles.
Infirmier au XXe siècle : un métier qui se structure
Les deux premières écoles d’infirmières ouvrent respectivement en 1906 à la Salpêtrière et en 1907 à Bicêtre (Val-de-Marne). Elles dispensent une formation d’un an organisée autour de sept cours théoriques :
- administration et comptabilité hospitalières,
- anatomie physiologie,
- pansements et petite chirurgie,
- hygiène,
- soins aux femmes en couches et aux nouveau-nés,
- cours sur les crèches,
- pharmacie.
La formation scientifique et professionnelle prend définitivement le pas sur le don de soi.
Le métier poursuit sa spécialisation au XXe siècle avec Léonie Chaptal. Elle fonde son école en 1905 et défend la vision d’un métier à part entière, distinct de celui du médecin. Selon elle, la maladie relève de la science du médecin, tandis que la connaissance du malade est de la compétence de l’infirmière.
La circulaire n°7083 du 28 octobre 1902 décrit pour la première fois en France, le rôle de l’infirmière qui est « réservé aux soins directs des malades » : « C’est la collaboratrice disciplinée, mais intelligente du médecin et du chirurgien (…), elle doit éprouver une légitime fierté d’un état que relèvent à la fois son caractère philanthropique et son caractère scientifique. » |
En 1922, les programmes des différentes écoles de formation sont uniformisés, tandis que le premier diplôme d’infirmier voit le jour, apportant ainsi une vraie reconnaissance à cette profession. Il faut attendre 1937 pour que l’exercice de la profession d’infirmier ne soit autorisé qu’aux titulaires d’un diplôme reconnu par l’État.
L’infirmier, au cœur de la relation avec le patient
Véritable pilier de la relation avec le patient, l’infirmier est le soignant qui passe le plus de temps aux côtés de ce dernier.
Au-delà de la nécessité de détenir des diplômes, la loi du 31 mai 1978 vient reconnaître aux infirmiers un rôle qui leur est propre, en les définissant comme une « personne qui (…) donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou bien en application du rôle propre qui lui est dévolu ».
En plus des soins infirmiers, ce texte définissant la profession cite comme étant partie intégrante du métier, les actions relevant de la prévention, de l’éducation de la santé et de la formation ou l’encadrement.
Découvrez les épisodes du podcast MACSF Ça ira mieux demain dédiés aux infirmières et infirmiers : |
L’infirmier et ses nouvelles prérogatives
La spécialisation et l’élargissement des compétences continuent de se poursuivre.
Professionnels reconnus, les infirmiers voient leur champ d’action s’élargir pour répondre à l’évolution du système de soins et de santé. Différents arrêtés découlant de l’article 51 de la Loi HPST ont contribué à conférer de nouvelles responsabilités aux IDE (infirmiers diplômés d’Etat) dans le cadre des protocoles de coopération avec, par exemple :
- la réalisation des échographies des veines et/ou des artères des membres supérieurs à l’aide d’un échographe portable et l’interprétation des images ;
- l’interprétation des résultats de glycémie capillaire, ainsi que l’adaptation des doses d’insuline pour les patients atteints de certains types de diabète ;
- la pose de voie veineuse centrale.
Au printemps 2025, le parlement élabore une proposition de loi infirmière qui modifie en profondeur l’exercice du métier infirmier en lui conférant plus d’autonomie et de nouvelles responsabilités.
Dans son article 1er, le texte redéfinit ainsi les missions des infirmiers, jusqu’ici encadrées par le décret de 2004 pour intégrer :
- la prise en charge des soins curatifs, palliatifs et de surveillance clinique ;
- le suivi des patients axé sur la coordination des parcours de soins ;
- la prévention et l’éducation thérapeutique auprès des patients ;
- la formation et la recherche, avec une participation accrue à l’innovation dans le domaine de la santé.
Pour améliorer l’accès aux soins, le législateur autorise désormais les infirmiers à effectuer des consultations autonomes et à poser certains diagnostics selon une liste fixée par arrêté ministériel et révisée tous les trois ans.
La loi prévoit aussi une obligation de transmission régulière des dossiers de soins aux médecins traitants.
Si la prescription médicale reste la prérogative des seuls médecins, les infirmiers en pratique avancée, qui étaient déjà en mesure de renouveler ou modifier les ordonnances établies au préalable par un médecin pour un de leurs patients, voient avec la dernière évolution législative leurs prérogatives s’élargir encore pour s’étendre aux domaines suivants :
- la protection maternelle et infantile ;
- la santé scolaire ;
- l’aide sociale à l’enfance.
Ces avancées contribuent à réaffirmer le rôle central des infirmiers dans le système de santé, tout en améliorant l’accès aux soins pour tous et mieux répondre aux besoins des patients.
Le 5 mai 2025, le Sénat s'est montré favorable à une redéfinition des missions du métier d'infirmier et à une reconnaissance du travail de ces professionnels de santé, en adoptant le texte de réforme attendu de longue date : inscription dans la loi d'une "consultation infirmière" et d'un "diagnostic infirmier", droit de prescription...Le texte doit passer à présent en commission mixte paritaire. A suivre... |