Si la loi ne distingue pas clairement les produits illicites des médicaments détournés de leur usage, ils se rejoignent quant à leurs effets cliniques et aux dangers qu’ils représentent au volant. Évaluer le niveau de dépendance et sensibiliser aux risques est au cœur du travail de prévention du médecin dans un contexte où le patient ne joue pas toujours franc-jeu.
En partenariat avec 
Effets et risques des produits illicites ou médicaments détournés de leur usage
On distingue trois catégories de produits en fonction de leurs effets cliniques.
L’impact sur la capacité de conduite et le comportement au volant varient selon les produits consommés et leur pharmacocinétique, mais il n’existe pas de drogues douces au volant ! Les conséquences des drogues au volant sont nombreuses et peuvent s’avérer très graves.
Un contexte qui évolue
On note, depuis les années 2000, plusieurs changements d’importance :
- Une consommation du cannabis banalisée
À 17 ans, près d’un jeune sur 2 a déjà expérimenté le cannabis (47,8 % en 2014). Parmi les 18-64 ans, 42% l’ont déjà expérimenté et 11% déclarent en avoir consommé au cours de l’année (source : OFDT).
- Des drogues plus puissantes
La teneur en THC des résines de cannabis a doublé en 10 ans , 23 % en 2016 (source : OFDT).
- Une surveillance en hausse
Le dépistage des drogues chez les conducteurs se systématise en cas d’accident corporel, et se développe à titre préventif (tests salivaires).
Que dit la réglementation ?
- L’aptitude à la conduite est incompatible avec un état de dépendance vis-à-vis de substances psychotropes, ou en cas d’abus ou de consommation de ces substances sans justification thérapeutique.
- Le recours à des examens biologiques (détection ou dosage de produits) est possible.
- Une aptitude temporaire de six mois à un an peut être prononcée, renouvelable pendant deux ans.
- Ultérieurement, la périodicité des visites médicales est modulée avec limitation de la durée d’aptitude à l’appréciation de la commission médicale.
Pour les permis du groupe lourd :
- L’aptitude à la conduite est incompatible avec la consommation de substances psychotropes.
- Une aptitude temporaire d’un an peut être prononcée, renouvelable pendant trois ans.
- Ultérieurement, la périodicité des visites médicales est modulée, avec limitation de la durée d’aptitude.
- Une incompatibilité pour les catégories D, E (C), E (D) pourra être prononcée.
- Les risques additionnels liés aux conditions de travail sont à envisager avec une extrême prudence.
Nos recommandations
- Endosser pleinement le rôle de prévention. Les patients n’avouent que rarement leur consommation, la minimisent ou la réduisent (en nombre de produits consommés) : le médecin doit malgré tout aborder le sujet, en particulier avec les jeunes.
- « Repérage précoce, Intervention Brève »
Cette méthode de la HAS permet, avec un entretien de seulement 5 minutes, de sensibiliser les patients à l’intérêt de réduire les consommations à risque. Cet entretien doit avoir lieu idéalement une fois par an ou dans certaines situations particulières à risque (grossesse, précarité, conduite de véhicules, échec scolaire, examens, changement de travail, retraite, divorce, deuil, etc.).
- Mettre sur un même plan médical les fumeurs de cannabis, les consommateurs chroniques de tranquillisants, les patients suivant un traitement de substitution.
- Expliquer les risques pénaux sur la route.
- Inciter au sevrage avec une aide adaptée, particulièrement vis-à-vis des conducteurs professionnels.
- User de tests de dépistageurinaire, souvent utile, à condition de respecter des règles éthiques face aux parents ou employeurs inquisiteurs.
- Systématiser ces tests pour le suivi des conducteurs suivant un traitement de substitution.
- Conseiller au patient de conserver sa prescriptionavec lui, certains médicaments (dont les traitements de substitution) étant susceptibles d’entraîner un dépistage positif en cas de contrôle.