Cette version de navigateur n’est pas compatible. Pour une meilleure expérience, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur ou à utiliser un autre navigateur (Google Chrome, Firefox ou Safari).

Revenir en haut de la page
Déserts médicaux : une étude sur les conditions d’exercice médical en milieu rural

Déserts médicaux : une étude sur les conditions d’exercice médical en milieu rural

Publié le 19/06/2025

83% des professionnels de santé confrontés à des reports ou retards de soins dus à la désertification médicale. C’est l’un des chiffres forts de l’étude réalisée par la MACSF auprès de professionnels de santé installés en territoire rural. Retour sur les enseignements de cette étude.

Le groupe MACSF a mené une enquête fin mai 2025 auprès de sociétaires exerçant en milieu rural. 1590 professionnels de santé (médecins généralistes et spécialistes, kinésithérapeutes, infirmiers) y ont répondu. L’étude explore les motivations à l’installation, les difficultés rencontrées, les délais d’accès aux soins des patients et les solutions envisagées pour améliorer l’accès aux soins dans ces territoires.

Des reports ou retards de soins largement constatés

La santé des patients pâtit de la désertification médicale. 37% des répondants indiquant exercer dans un désert médical, déclarent des délais d’attente d’un mois minimum pour des rendez-vous. Ce constat est aussi avéré pour les maladies chroniques. Quant aux nouveaux patients, près de 20 % des soignants déclarent ne plus pouvoir les prendre en charge. Cela traduit une forte tension sur l’offre de soins, avec un risque d’aggravation de la maladie, de report voire de renoncement aux soins.

D’ailleurs, 83% des répondants ont été confrontés à des reports ou retards de soins. Ce phénomène touche aussi bien les pathologies courantes que les maladies graves, ce qui peut avoir des conséquences importantes sur la santé des patients. A noter que les différences sont nettes entre ceux déclarant exercer dans un désert médical et ceux qui déclarent ne pas exercer dans un désert médical.

Le cadre de vie et le sentiment d’utilité comme facteurs d’attractivité

Le choix de la vie en milieu rural est en priorité motivé par la recherche d’un cadre paisible (un atout pour 73% des répondants) et/ou un attachement à la région. Ce cadre de vie plus près de la nature a représenté la première motivation pour s’installer en zone rurale, suivie de l’attachement personnel à la région et la proximité familiale. Trouver dans l’exercice en milieu rural le sens même de ce qui fait la vocation au métier est aussi essentiel. Ainsi, la variété des pathologies prises en charge, l’autonomie professionnelle et la relation privilégiée avec les patients sont également citées. In fine, il s’agit bien du sentiment d’être utile qui prédomine.

Un exercice en territoire rural marqué par des difficultés

L’exercice en milieu rural est cependant marqué par de nombreuses difficultés. Les soignants évoquent une "charge écrasante de travail" et soulignent la "difficulté de trouver de nouveaux collègues pour remplacer des départs ou renforcer l'équipe". "Cette situation renforce le risque d’épuisement des soignants et par là même le risque médical, un sujet majeur pour la MACSF” souligne le Dr Thierry Houselstein, directeur médical MACSF.

Le manque de remplaçants entraîne un surcroit d’activité, et l’isolement dû à l’absence de confrères avec qui échanger sont cités. Le recrutement de personnel qualifié est un élément majeur qui pose le plus de difficultés.

Quelles solutions pour améliorer l’accès aux soins ?

Créer l’attachement à la région
L’ancrage territorial via la création de lieux d’études de santé dans les territoires sous-denses est une piste à approfondir pour renforcer l’attractivité des zones rurales pour 39% des répondants.

Rompre l’isolement
L’organisation et la coordination des soins sur un territoire sont des solutions pour parvenir à un isolement ressenti moindre. Faciliter la recherche de remplacements est aussi un point clé.

Optimiser le temps médical
La charge de travail, notamment administrative, est forte. Gagner du temps de soins disponible est donc une priorité : assistants médicaux, téléconsultation, délégation administrative ou autres... sont des solutions spontanément citées.

Les mesures coercitives sont quant à elles massivement rejetées.

Cette étude a été présentée en avant-première aux Assises de l’accès aux soins le 12 juin 2025. La question de l’accès aux soins dans les territoires ruraux reste un grand défi à relever pour le système de santé. Le groupe MACSF est engagé dans ce sens, avec des actions comme l’aide à l’installation, l'accompagnement de start-up en santé innovantes pour dégager du temps médical, ou encore le soutien du collectif Médecins Solidaires qui ouvre des centres de santé dans des zones sous-dotées.