S’il est bien une profession sensible au manque de sommeil, c’est celle de soignant ! Qui n’a pas en tête une garde de 24 heures ou un travail posté, un remplacement, une intervention de nuit durant lesquels une envie de dormir s’est peu à peu insinuée dans l’esprit du soignant ?
Horaires décalés, travail posté, gardes de 24 heures, nuits à l’hôpital ou en service d’urgence, SOS médecins, interventions nocturnes : le rythme de travail – et de vie – des soignants n’est pas toujours simple. Travailler la nuit n’est pas uniquement pratiquer la même activité que durant la journée. Au-delà d’un contexte très particulier lié aux conditions pratiques et opérationnelles (moins de personnel, services fonctionnant différemment, recours aux astreintes, difficultés d’accès à certains examens…), le soignant est aussi confronté à son propre vécu et à la gestion de son sommeil. Chacun a sa propre horloge interne certes liée à son métabolisme (mélatonine) mais aussi basée sur ses habitudes de vie et son aptitude à s’adapter.
Si l’organisme est extrêmement tolérant vis-à-vis des changements de rythme, ceux-ci ne sont pas sans conséquence sur l’activité professionnelle tant pour le soignant que pour les patients.
L’étude Morphée de 2018 avait montré que près de la moitié des soignants interrogés ressentaient une privation de sommeil liée à leur travail, potentielle source de fragilité mais aussi de risque médical. Selon cette étude, 60% des soignants déclaraient dormir moins de 6 heures par nuit en semaine et 67 % d’un sommeil non réparateur versus 7 heures de sommeil pour les non soignants. En France, près de 280 000 soignants (toutes professions confondues) sont concernés par une activité professionnelle entre minuit et 5 heures du matin ; ceci concernant avant tout les IDE (69 %) mais aussi les aides-soignants (30 %) et les médecins (38 %).
Le soignant est bien entendu le premier concerné. Il doit gérer – parfois avec difficulté – ces phases délicates durant lesquelles il ressent un besoin irrésistible de dormir, ne serait-ce que quelques minutes… Chacun a sa technique visant à « tenir le coup » pour passer cette phase critique, survenant à des moments très variables selon les individus : prendre un café ou un thé, respirer l’air extérieur, grignotage ou tout simplement prendre une pause …
Cette situation s’accompagne d’une hypovigilance, laquelle peut avoir des conséquences également dans la gestion des tâches que doit accomplir le soignant, que ce soit dans la préparation ou l’administration d’un traitement, une intervention chirurgicale ou un examen à domicile dans le cadre de SOS médecins... Les troubles de la vigilance liés à une privation de sommeil peuvent donc avoir des impacts en termes de sécurité des soins mais aussi de risque médical. Nul n’est à l’abri d’une erreur de dose, de passer à côté d’un signe clinique ou d’une anomalie d’imagerie dès lors que notre organisme lutte contre le sommeil…
Il importe donc que le soignant connaisse les risques liés à cette modalité d’activité très particulière et essaie – dans la mesure du possible - de mettre en place les conditions permettant de gérer au mieux ces rythmes particuliers. Ce peut être une meilleure hygiène de vie en adaptant son alimentation, son activité physique, ses repos compensateurs mais aussi une meilleure gestion des périodes de travail de nuit, notamment en recourant à des pauses si besoin, en évitant le grignotage (néfaste contrairement aux idées reçues) mais aussi en apprenant à anticiper ces périodes plus difficiles.
Ces situations peuvent également conduire à un état de privation chronique de sommeil, avec des conséquences majeures pour les soignants, expliquant souvent un turn over important du travail posté mais aussi un recours – trop – fréquent aux sédatifs et autres hypnotiques.
Le travail nocturne des soignants – primordial bien entendu – expose celui-ci à un rythme très particulier et – via une hypovigilance – peut majorer le risque médico-légal. Il importe d’intégrer cette notion lors de l’exercice nocturne, de savoir reconnaître les phases de moindre vigilance mais aussi de mettre en place des mesures de prévention, tant à titre individuel qu’en termes d’organisations des structures.
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