Tout Infirmier Diplômé d’Etat a dû un jour prendre en charge un patient dément déambulant. Quel que soit le secteur de soins, médecine, chirurgie, soins de suite, la gestion de ces patients est difficile : ce besoin irrépressible de marcher, avec ou sans but, peut conduire le sujet à s’égarer.
Si cette situation est mal vécue par les familles, elle l’est également par les soignants des structures hospitalières et institutionnelles en raison des risques qu’elle génère. Plusieurs retours d’expériences négatifs avec des conclusions dramatiques (décès) témoignent des impacts graves sur la communauté soignante.
Le patient dément déambulant va marcher de manière excessive, répétée tout au long de la journée. En général, selon son état de santé et selon l’appareil locomoteur en particulier, les distances parcourues peuvent permettre au malade hospitalisé de s’éloigner considérablement de l’établissement hôte, et de se perdre.
En France, on parle de déambulation de manière générale.
Les Anglo-Saxons distinguent le « wandering », qui s’apparente à l’errance ou à la déambulation sans but, du « pacing », qui est une marche compulsive.
Ce comportement est apprécié comme un trouble, et ce symptôme psychocomportemental est fréquemment retrouvé chez bon nombre de patients déments.
Lorsque l’on interroge les patients sur les raisons de ces déplacements compulsifs, on peut distinguer plusieurs types de déambulation. La bonne connaissance des raisons de ces déplacements permet d’adapter la surveillance à organiser autour d’eux :
Une déambulation non contrôlée peut générer des dangers, que le patient dément déambulant soit à domicile ou en institution. Une supervision quasi constante est nécessaire, et souvent synonyme d’angoisse et de stress pour les soignants. La crainte d’être tenu responsable lorsqu’un incident ou accident se produit est grande.
Les risques de chute augmentent avec l’évolution de la maladie, et les complications traumatologiques sont fréquentes.
Certains patients ne prennent plus le temps de s’assoir pour se restaurer, accentuant de fait les risques de malnutrition.
Les fugues, événements très anxiogènes pour les soignants, mobilisent des ressources humaines pour retrouver les malades dans l’institution.
On peut néanmoins recenser des aspects positifs de la déambulation :
Plusieurs mesures « anti fugue » existent :
Néanmoins, ces différentes mesures questionnent sur le plan éthique et il convient de réfléchir collectivement sur les solutions à retenir, en impliquant les proches des patients ou les représentants des usagers.
Chaque soignant sait qu’il conviendra de chercher à proximité immédiate du service d’accueil du patient dément déambulant : tout membre de l’équipe soignante mobilisable participera à cette quête, et le service sécurité de l’établissement sera mis à contribution.
Il conviendra de prévenir le cadre de garde et/ou l’administrateur de garde.
Un signalement sera fait le plus rapidement possible aux Forces de l’Ordre (Police en zone urbaine, Gendarmerie en zone rurale), car les équipes soignantes ne peuvent pas être sollicitées pour participer aux recherches à l’extérieur de l’institution.
Les membres de la famille seront également prévenus et un point régulier sera fait avec eux jusqu’au retour du patient dément déambulant dans le service.
Tout comme la thématique des « chutes de patient », la fugue sera déclarée systématiquement par le biais du système de signalement des Evénements Indésirables de la structure de soins. Cela permettra de recenser de la manière la plus exhaustive possible les fugues constatées et de prévoir, si le nombre le justifie, l’installation d’un système « anti-fugue ». En effet, les ressources mobilisées pour retrouver le patient en errance sont toujours importantes et souvent au détriment des soins d’autres patients.
Bibliographie et pour aller plus loin :
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