Traitement orthodontique et dents de sagesse : des précautions s’imposent !

Une adolescente de 12 ans, présentant d’importantes malpositions dentaires, fait l’objet d’un traitement orthodontique qui se termine en 2002, à l’issue d’un ultime traitement par contention. Trois ans plus tard, elle présente des douleurs importantes. Un panoramique dentaire est alors réalisé, révélant la nécessité de faire extraire les quatre dents de sagesse.

Malgré cette extraction, les malpositions dentaires et l’endognathie initiales sont réapparues. Il est également constaté un hyper développement du maxillaire inférieur et l’aggravation de la classe III molaire à droite. Un nouveau traitement orthodontique doit donc être entrepris.

La patiente assigne le chirurgien-dentiste qui a réalisé le premier traitement orthodontique.

Le chirurgien-dentiste est condamné à réparer les conséquences de la récidive de l’encombrement dentaire et de l’endognathie maxillaire, pour plusieurs motifs :

• l’absence de radiographie panoramique en fin de traitement : cette précaution était d’autant plus nécessaire qu’avant la mise en place du traitement, en 1997, le panoramique alors réalisé faisait déjà apparaître les germes des dents de sagesse ;
• l’absence de contention de la mandibule dans les mois suivant la fin de l’orthodontie ;
• l’absence de préconisation d’extraction des dents de sagesse à l’issue du traitement, ou du moins l’absence de conseils de vigilance quant à la croissance défavorable de ces dents.

Ces manquements, qui n’ont pas permis d’assurer la pérennité de la correction de la dysharmonie dentaire, sont à l’origine de la récidive constatée, et non d’une simple perte de chance.

En revanche, le tribunal ne retient pas la responsabilité du chirurgien-dentiste dans l’hyper développement du maxillaire inférieur et l’aggravation de la prognathie mandibulaire, qui sont la conséquence d’une évolution défavorable non maîtrisable par l’orthodontie.

L’échec thérapeutique n’est pas, en lui-même, constitutif d’une faute du praticien. En revanche, celui-ci doit tout mettre en œuvre, dans le cadre de son obligation de moyens, pour la réussite du traitement.

En cas de litige, le juge prend en considération un ensemble d’éléments de fait pour déterminer si toutes les précautions requises ont été prises. Les situations sont variées, et il est difficile de préjuger de la décision du juge. Mais il est très probable que l’absence de réalisation d’examens radiographiques sera relevée, car ces examens restent un moyen efficace de s’assurer de la bonne évolution de la situation avant, pendant et après le traitement, en permettant une comparaison entre les clichés.  

Le praticien ne doit pas non plus négliger l’information du patient. Sur ce type de prise en charge, qui s’étend sur une longue durée, il est important de ne pas tomber dans une sorte de « routine », qui fait courir le risque de ne plus se donner la peine de dispenser au patient les éléments d’information nécessaires, notamment sur les signes d’alerte à prendre en considération.