Cette version de navigateur n’est pas compatible. Pour une meilleure expérience, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur ou à utiliser un autre navigateur (Google Chrome, Firefox ou Safari).

Revenir en haut de la page
Transformations du secteur de la santé : quels impacts sur les modes d’exercice des soignants ?

Transformations du secteur de la santé : quels impacts sur les modes d’exercice des soignants ?

Publié le 24/10/2025

Le secteur de la santé poursuit ses transformations profondes : accélération du vieillissement, intensification de la révolution numérique, évolution des aspirations professionnelles... Ces dynamiques, loin d'être nouvelles, s'accélèrent et se complexifient. Entre opportunités et défis, comment ces mutations redéfinissent elles les contours de la pratique professionnelle en santé ?
 

Quelles sont les grandes mutations du monde de la santé ?

Démographie médicale, contraintes économiques, évolution législative et innovations technologiques : le monde de la santé connaît des changements de grande ampleur.

Face à ces évolutions, professionnels, établissements de santé, législateurs, instances nationales et régionales agissent pour maintenir un système de soins en phase avec ces changements. 
 

Les facteurs démographiques et sociétaux

En France, l’évolution démographique des professionnels de santé est marquée par un double phénomène de rajeunissement et de féminisation de la population de praticiens.

La part des femmes atteint désormais 49,9%, tandis que celle des médecins de moins de 40 ans a fortement augmenté, passant de 17% en 2012 à 31% en 2025.

Ces modifications s’accompagnent de nouvelles aspirations, communes à tous les soignants sans différenciation de genre. Nombre de praticiens privilégient ainsi leur qualité de vie, recherchant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ils sont, par conséquent, moins nombreux à opter pour une pratique en libéral exclusif.

Le grand âge compte également parmi les facteurs impactant le secteur de la santé. Dépendance et pathologies chroniques appellent le développement de nouvelles spécialisations, de nouveaux profils de soignants et de nouveaux modes d’exercice. 
 

Les facteurs économiques et réglementaires 

Les coûts liés à l’installation constituent une barrière à l’entreprenariat médical. Le coût d'installation d'un médecin, par exemple, varie selon la spécialité et les équipements nécessaires, avec des estimations allant de 15 000 € pour la médecine générale à plus de 100 000 € pour la radiologie.

Local, équipement, logiciels : l’investissement pour créer ou reprendre un cabinet représente des montants que les jeunes diplômés (pour certains déjà endettés pendant leurs études) souhaitent minimiser ou éviter en début de carrière.

Par ailleurs, les nouveaux statuts des praticiens, mêlant honoraires, forfaits et salaires, impliquent une gestion complexe qui pousse parfois les soignants à préférer les regroupements. Cet exercice en groupe leur permet de mettre en commun les frais liés à la gestion administrative et financière.  
 

Les facteurs technologiques 

Le monde de la santé n’échappe pas aux évolutions technologiques. Ces dernières génèrent d’importantes transformations dans différents domaines : 

  • tâches administratives et secrétariat, 
  • téléconsultation, 
  • télésurveillance,
  • aide au diagnostic et à la prescription.

Cette transformation s'accélère avec les nouvelles mesures réglementaires. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 prévoit, par exemple, le financement par l'assurance maladie des logiciels d'aide à la prescription, ainsi que la dématérialisation des facturations dans les établissements de santé.

Les nouvelles technologies viennent également modifier les cursus d’apprentissage avec le recours de plus en plus fréquent à des e-learnings et des simulations, contribuant à faciliter la formation continue
 

Soignants : vers de nouveaux modèles d'exercice

Face à ces évolutions, les soignants repensent leur mode d’exercice.

L’édition 2025 de l’Atlas de la démographie médicale en France souligne une baisse continue de l’exercice libéral, concernant même les catégories où ce mode d’exercice continue de prévaloir : généralistes (55,9%) et dentistes (82,3%).

La pratique en libéral est de moins en moins exclusive : évolution vers le salariat, développement du libéral mixte et des collaborations
 

L’essor de l’exercice coordonné

Le développement de nouveaux modèles organisationnels s’est renforcé au cours des 20 dernières années.

Apparues en 2007, les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) attirent particulièrement les jeunes soignants. Réunissant en un même lieu différents professionnels, elles leur permettent d’exercer de manière groupée tout en conservant leur autonomie d’exercice. Si ces structures répondent aux attentes des soignants, elles s’adaptent également aux besoins de soins des zones où elles sont implantées.

Les professionnels de santé manifestent aussi un réel intérêt pour les centres de santé où ils pratiquent de manière groupée, comme salariés.

La transformation du secteur médical a vu naître également les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui favorisent la coordination entre les soignants d’un même territoire, bien qu’ils continuent d’exercer dans des lieux séparés. 

Les MSP en quelques chiffres

  • 4 000 MSP prévues d’ici à 2027 
  • 32 000 professionnels de santé déjà en exercice en MSP 
  • 8,9 millions de patients suivis par un médecin en MSP 
  • Un médecin en MSP prend en charge 600 patients de plus par an qu’un praticien en libéral isolé

 

Spécialisations et nouvelles compétences 

L’adaptation de l’offre de soins passe par la mise en place de nouvelles spécialisations.

La possibilité pour un patient d’accéder directement à un infirmier en pratique avancée (IPA) en est un exemple.

Formés et habilités à prendre en charge des cas plus complexes, ces nouveaux profils de soignants viennent répondre aux tensions démographiques, comme aux besoins posés par les pathologies chroniques liées au grand âge
 

La médecine à distance

Partout, la télémédecine s’impose comme une alternative aux consultations traditionnelles.

Adaptée aux pathologies simples, elle pourrait permettre aux soignants de se concentrer davantage sur des cas plus complexes, en présentiel, bien que l'impact réel sur l'organisation du temps médical reste à évaluer.

Pour encadrer ces nouveaux modes de consultation, le législateur a ajouté les articles L1110-1 et suivants du Code de la santé publique
 

Quelles stratégies d’accompagnement face à ces nouvelles pratiques ?

Ordres et institutions professionnels

L’accompagnement des ordres professionnels est essentiel. Il passe par des services d’aide à l’installation au profit des jeunes diplômés, la délivrance d’informations à jour sur toute évolution légale ou réglementaire, et des conseils pour s’y conformer.

Concernant l’enseignement, il revient aux différentes structures universitaires et de formation continue d’ajuster leurs programmes pour permettre aux jeunes professionnels, comme aux praticiens en activité, de s’adapter à tout type de changements : médicaux, organisationnels, technologiques ou encore réglementaires.
 

Employeurs et structures de santé

Horaires flexibles, télétravail, formation et évolution de carrière, les établissements de santé sont appelés à revoir leur politique RH pour attirer et fidéliser les soignants.

En mettant l’accent sur la coordination et en s’attachant à créer des parcours de soins cohérents, les MSP, centre de soins, CPTS et autres formats de coordination de soins primaires répondent aux besoins de la population, aux attentes des professionnels, tout en s’adaptant aux changements démographiques.

Nombreux sont aussi les hôpitaux à repenser leur modèle organisationnel en coordonnant exercice hospitalier et ambulatoire.
 

Tentatives de régulations et incitations territoriales

Pour lutter contre les déserts médicaux, un texte de loi est à l’étude. Il doit permettre de mieux répartir les médecins sur l’ensemble du territoire. Il vise aussi à redonner un accès aux soins aux personnes qui en sont actuellement éloignées.

Ce texte fait encore l’objet de débats, aussi bien au niveau parlementaire qu’au sein de la communauté médicale fortement attachée au principe de liberté d’installation.

Moins controversées, d’autres mesures d’incitation à l’installation existent : 
bourses d’études conditionnées à un engagement territorial, 
majoration des aides à l’installation selon les zones, 
contrats d’engagement de service public assortis d’une rémunération plus importante lors d’une implantation en zone prioritaire.

Par ailleurs, la possibilité de rapprocher lieux d’enseignement et lieux d’exercice a été testée. Cette piste semble pouvoir apporter une réponse aux problèmes des zones sous-denses.

L’ouverture d’antennes universitaires délocalisées et l’organisation de stages dans les territoires les moins bien dotés pour favoriser la création de liens entre les futurs praticiens et ces régions ont également fonctionné.
 

Assureurs et partenaires financiers

De leur côté, assureurs et structures de financement repensent en permanence leurs offres et positionnements pour proposer aux professionnels de santé des solutions modulaires en phase avec la réalité de leur activité.

L’accompagnement de la MACSF passe par la conception de formations qui aident les soignants à bien gérer toutes ces évolutions. Le groupe MACSF soutient aussi différentes initiatives dont celle des Médecins Solidaires, imaginée pour faire revenir les médecins dans les déserts médicaux.

Par ailleurs, son assurance protection juridique, comprise dans ses contrats RCP-PJ, met à disposition une équipe de juristes pour éclairer les professionnels de santé sur leurs droits et les orienter avant toute démarche, notamment dans le cadre de l’exercice en groupe.

LA MACSF a aussi pour mission d’informer les soignants : différents types de documents et de guides portant sur les nouvelles réglementations, sur les différents modes d’exercice, etc sont consultables sur son site.

De même, elle offre des facilités de financement et un accompagnement pour l’adoption d’outils fondés sur les dernières innovations technologiques.

Praticiens, ordres professionnels, établissements de santé, pouvoirs publics et partenaires financiers, la mobilisation de tous est nécessaire pour répondre aux défis posés par les mutations profondes du secteur de la santé. L'essor de l'exercice coordonné, le développement de nouvelles compétences et l'émergence de la télémédecine dessinent les contours d'un système de soins repensé où les efforts conjugués doivent permettre à chacun de trouver sa place.