Pédiatres : les motifs de réclamations des patients en 2022

MACSF

Le 26.09.2023

En 2022, les 5 262 sociétaires pédiatres de la MACSF ont adressé 16 déclarations de sinistres corporels, soit une sinistralité de 0,30 % contre 0,42 % en 2021.
Les 1 646 pédiatres libéraux ont adressé 13 déclarations. Leur sinistralité s'établit à 0,79 % contre 1,02 % en 2021.

En 2022, les 5 262 sociétaires pédiatres de la MACSF ont adressé 16 déclarations de sinistres corporels, soit une sinistralité de 0,30 % contre 0,42 % en 2021. Les 1 646 pédiatres libéraux ont adressé 13 déclarations. Leur sinistralité s'établit à 0,79 % contre 1,02 % en 2021.

Répartition des déclarations

Ces déclarations se répartissent en 5 procédures civiles, 1 procédure ordinale, 6 réclamations amiables et 4 saisines d'une CCI.

Analyse de l'expert

Dr Gilles Valeur, Pédiatre consultant MACSF

En 2022, les mises en cause concernaient :

Des retards ou des erreurs diagnostiques, pas nécessairement considérés comme fautifs, sous la réserve expresse que le praticien ait bien satisfait à son obligation de moyens. En l’espèce :

La prise en compte de la courbe de croissance est capitale dans tous les dossiers de puberté précoce, de retard de taille, de troubles métaboliques ou endocriniens, ou de syndromes de Turner frustes ou mosaïques.
L’alerte doit être donnée, et un avis spécialisé pris, en cas d’anomalie oculaire non rapidement réversible, car le diagnostic de glaucome congénital ou de strabisme d’origine neurologique, notamment, est bien difficile dans les premiers mois.
Le diagnostic de luxation congénitale de hanche peut être "manqué" dans les 9 premiers mois mais il sera difficile à justifier si les circonstances de risques n’ont pas été prises en compte et si le diagnostic n’est toujours pas fait après le début de la marche.
La responsabilité du praticien est mise en cause s’il ne prend pas connaissance du résultat des examens complémentaires qu’il a lui-même prescrits.
Dans les histoires infectieuses, il faut certainement prendre en compte davantage le fait de consulter pour la 2^e ou 3^e fois pour le même motif. De même, il peut être dangereux de banaliser une 2^e consultation hospitalière qui survient à 3 ou 4 heures du matin (ce peut-être un simple signe d'inquiétude des parents, mais aussi leur estimation d'une possible aggravation de l'état de l’enfant, qui doit donc être prise en considération).

En néonatalogie, les décès néonatals précoces ou semi-précoces résultent le plus souvent d'atteintes neurologiques survenues dans la période ante natale (anoxo-ischémie per-partum, AVC, etc.) ou lors de l’accouchement (inhalation). Le rôle du pédiatre est alors de stabiliser l'état de l’enfant, et d'éviter si possible son aggravation (hypothermie thérapeutique, oxygénation, soutien hémodynamique, etc.). L'ensemble des manœuvres doit être parfaitement tracé et le dossier soigneusement horodaté. Les prescriptions (1 dossier d’hyperglycémie) peuvent aussi être à l’origine de réclamations : elles doivent être écrites et tout spécialement détaillées (produit, posologie, dilution, rythme d’administration, etc.).

Diagnostic

Retard diagnostique et thérapeutique allégué d'une puberté précoce chez une petite fille.
Retard au diagnostic de glaucome chez un enfant âgé de 4 mois examiné pour un larmoiement. Cécité bilatérale.
Diagnostic de luxation de hanche sur dysplasie congénitale à l’âge de 17 mois chez une petite fille dont la mère présentait des ATCD. Traitement chirurgical.

Prise en charge

Décès de l'enfant

Arrêt cardiaque non récupéré après troubles du rythme ventriculaire au décours de la prise en charge d'un trouble de conduction auriculoventriculaire. Mise en place d’un pacemaker mais défaut de détection auriculaire avec réhausse des seuils à l’origine des troubles ventriculaires.
Décès d'un nouveau-né en état de mort apparente par césarienne en urgence. Réanimation qui avait été débutée par l'anesthésiste et relayée par le pédiatre.
Décès d'un enfant de 27 mois, vacciné, d'une méningite à pneumocoque le lendemain de son admission aux urgences. Il y avait été adressé par son pédiatre en urgence, sociétaire ayant été consulté le jour-même et la veille pour une fièvre sans point d'appel net.
Décès d'un nourrisson le lendemain de sa naissance par voie basse avec utilisation de spatules. Mouvements myocloniques d'un bras lors de la tétée. Transfert le lendemain en réanimation, mise en évidence d’un AVC.
Décès d'un nouveau-né au 11^e jour de vie, d’un AVC par thrombose de l'artère carotide pendant l'accouchement.
Décès d'un nourrisson de 9 mois vu à 3 reprises par son pédiatre pour perte de poids de 700 g en 3 semaines. Bilans demandés et non transmis à notre sociétaire. Examen en faveur d'une insuffisance rénale aiguë sur oxalurie.

Divers

Circoncision rituelle chez un enfant de 6 ans, réalisée sous bloc pénien par le pédiatre à son cabinet. Œdème préputial responsable d'une dysurie, reprise de la circoncision par un chirurgien.
Réclamation concernant la prise en charge d'une plagiocéphalie modérée chez un nouveau-né, notamment l'indication d'une orthèse crânienne.

Néonatologie

Hyperglycémie induite après recharge pour hypoglycémie néonatale, chez un enfant prématuré, liée à un dysfonctionnement ou une erreur de réglage de la pompe.
Encéphalopathie anoxo-ischémique au cours d'un accouchement programmé par voie basse à 37 SA. Anomalies du RCF sur non-progression de la présentation conduisant à une extraction à l'aide de spatules.
Deux sociétaires mis en cause concernant la prise en charge d’une détresse respiratoire sur inhalation de liquide méconial au cours d’un accouchement par voie basse avec extraction par forceps difficile et traumatique. Transfert en néonatalogie, état de mal épileptique.