Dermatologue et vénérologue, Sylvie Kornfeld-Lecanu consulte à l’Institut Arthur Vernes à Paris (VIe). Crise sanitaire et reprise d’activité, à travers ses réponses à nos questions, elle évoque la reprise de ses consultations depuis la fin du confinement et les enjeux auxquels font face les dermatologues dans ce contexte.
Dès le début de la crise, les dermatologues ont tout fait pour maintenir la permanence des soins notamment pour traiter les urgences. Très vite, nous avons développé une téléconsultation qui nous a permis de nous assurer de la nécessité ou non d’une consultation présentielle.
La reprise des consultations en présentiel s’est effectuée dès l’annonce du gouvernement, c’est-à-dire dès le mois d’avril concernant, en particulier, la nécessité de voir les patients atteints de pathologies chroniques.
Pour maintenir des conditions sanitaires optimales, dans le cadre de cette reprise d’activité en consultation, nous avons organisé un échelonnement des rendez-vous avec un intervalle d’une demi-heure entre chaque patient. De plus, nous avons limité le nombre d’accompagnants à une personne par patient lorsqu’une présence était vraiment requise, pour les mineurs par exemple.
Au moment de la reprise, la préoccupation majeure des soignants était liée à la pénurie de masques et de gels hydro-alcooliques. Les soignants manquaient en effet de masques, pour leurs patients comme pour eux.
Pour les cabinets les plus exigus, la question de la gestion du flux de patients s’est également posée. Les médecins exerçant dans des cabinets présentant cette contrainte ont ainsi dû réduire énormément le nombre de patients vus, ce qui implique un risque potentiel de retard de diagnostic.
Par ailleurs, pour les dermatologues ayant une forte activité esthétique, la prudence s’impose particulièrement face au risque de prise en charge de patients potentiellement infectés par le COVID.
La crise sanitaire a bousculé les pratiques professionnelles : télémédecine, gestion des rendez-vous, accueil des patients, aménagement du cabinet et de la salle d’attente, examen clinique… |
À votre avis, à terme, votre profession va-t-elle revenir aux pratiques antérieures ou modifier sa manière d’exercer ? Va-t-elle continuer à recourir aux moyens technologiques utilisés pendant la crise, tels que la téléconsultation ?
La téléconsultation ne remplacera pas la consultation classique. En revanche, l’expérience du confinement a permis de valider le fait que la téléconsultation peut compléter la consultation dans certaines indications. Je pense notamment au suivi pour les patients souffrant de psoriasis, eczéma, acné et certaines autres maladies de la peau. La téléconsultation peut également être très utile pour certaines urgences dermatologiques.
En cette période de reprise, il convient de bien tenir compte de l’importance de la bonne gestion du flux de patients. De même, il est essentiel d’essayer de contacter les patients à risques dont les rendez-vous ont dû être annulés pendant la période de confinement. Et, dans ce contexte, penser à bien « tracer » les appels et les contacts. Pour la télémédecine, il est également essentiel de recourir à des plateformes sécurisées et dédiées à cette pratique. Enfin, il est important de veiller à bien prioriser les sollicitations selon qu’elles relèvent de consultations somatiques et esthétiques.