Cette confusion s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, la similarité phonétique de leurs appellations crée naturellement une ambiguïté : "assurance vie" et "assurance décès" peuvent sembler contradictoires au premier abord.
Ensuite, les deux contrats prévoient effectivement le versement d'un capital aux bénéficiaires en cas de décès, ce qui renforce l'impression qu'ils sont identiques. La méconnaissance du grand public sur les différences fondamentales entre un produit d'épargne et un contrat de prévoyance accentue cette confusion.
Enfin, les professionnels utilisent parfois des termes techniques similaires (capital, bénéficiaire, cotisations, versements) pour décrire ces deux produits, sans toujours préciser leurs natures distinctes.
Cette confusion peut avoir des conséquences importantes, notamment lorsqu'une personne croit avoir souscrit une assurance vie pour se constituer une épargne disponible, alors qu'elle a en réalité souscrit une assurance décès dont les cotisations ne sont pas récupérables de son vivant.
En bref, entre l’assurance vie et l’assurance décès, il y a comme un air de famille qui peut naturellement porter à les confondre. Mais attention à bien distinguer ces deux contrats. Malgré leurs similitudes – notamment celle de prévoir le versement d’un capital aux bénéficiaires désignés en cas de décès – ils sont de nature très différente.
Qu'est-ce qu'une assurance vie : une solution d'épargne
Le contrat d’assurance vie est l'un des produits d’épargne préférés des Français. Et pour cause : il combine un ensemble d’avantages qui en font un véritable couteau suisse patrimonial.
L’assurance vie est un contrat de placements financiers. En y souscrivant, vous vous constituez un capital grâce à des versements, libres ou programmés, qui peuvent vous apporter des intérêts.
Selon les formules, les montants investis peuvent être investis :
- dans des fonds en euros ;
- ainsi que dans des supports financiers appelés les « unités de compte ».
L’assureur ne s’engage que sur le nombre d’unités de compte et non sur leur valeur. Les montants investis sur les supports en unités de compte ne sont pas garantis mais sont sujets à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers. La description et le fonctionnement des supports en unités de compte sont détaillés dans les Documents d’Informations Clés (DIC) ou la Note d’Information, disponibles sur la page Supports financiers du site macsf.fr
En assurance vie, l’épargne n’est pas bloquée. Vous pouvez donc disposer de tout ou partie de votre capital à tout moment, au gré de vos projets personnels :
- un achat immobilier ;
- des études à financer ;
- un complément de retraite.
Assurance-vie : une fiscalité avantageuse en cas de décès
L’assurance vie permet également la transmission du capital en cas de décès à un ou des bénéficiaires désignés.
Le cadre fiscal de l’assurance vie est avantageux, notamment pour la transmission de votre patrimoine. En versant avant 70 ans, les capitaux versés aux bénéficiaires désignés sont exonérés jusqu'à 152 500 euros par bénéficiaire. Passé cet âge, la fiscalité évolue pour tous les versement effectués après 70 ans : l'exonération porte alors sur un montant global de 30 500 € pour l'ensemble des bénéficiaires, bien que les intérêts générés restent, eux, totalement exonérés.
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Qu'est-ce que l’assurance décès : un contrat de prévoyance
Pour sa part, le contrat d’assurance décès répond uniquement à un besoin de prévoyance. Ce n’est pas un placement financier, vous ne touchez pas d’intérêts sur vos cotisations.
Ce contrat de prévoyance décès permet à son souscripteur d’offrir une protection financière à sa famille sous la forme d’une rente au profit, soit du conjoint soit des enfants, ou d’un capital pour couvrir :
- ses besoins immédiats (frais d’obsèques par exemple) ;
- les dépenses courantes ;
- les frais de scolarité ;
L’assurance décès est généralement limitée dans le temps. Le niveau de la protection et son montant varient selon les formules. Elle peut par exemple prévoir des garanties telles que :
- le versement d’un capital en cas d’invalidité absolue et définitive ;
- ou une rente d’éducation jusqu’à ce que les enfants atteignent un âge prévu dans le contrat.
L’assurance décès s’inscrit la plupart du temps dans le cadre d’un contrat de prévoyance global, intégrant tant la garantie en cas de décès que la prise en charge du revenu professionnel en cas d’arrêt de travail ou d’invalidité.
Attention toutefois, les cotisations ne sont pas assimilables à de l’épargne. Si le décès de l’assuré n’intervient pas pendant la durée du contrat, les cotisations versées à la compagnie d’assurance ne sont pas restituées.
Les droits de succession en assurance décès : une fiscalité intéressante
L'assurance décès bénéficie également d'un régime fiscal avantageux. Le capital décès versé aux bénéficiaires désignés est généralement exonéré de droits de succession.
Le cumul des primes versées après le 70ème anniversaire de l'assuré est soumis aux droits de succession au-delà du montant de 30 500€, pour les contrats souscrits après le 20 novembre 1991.Pour les sommes versées avant les 70 ans du souscripteur, la prime annuelle (c'est-à-dire la prime versée lors de la dernière année), ou la prime unique, est taxée au taux de 20% après application de l'abattement de 152 500€ par bénéficiaire (CGI. art. 990 I).
Sont exonérés du prélèvement de l'article 990 I, les contrats rente survie et les contrats d'assurance de groupe souscrits dans le cadre d'une activité professionnelle (exemple : contrats de prévoyance collectifs). Le conjoint ou partenaire de PACS bénéficie d'une exonération totale, quelle que soit la somme versée. Cette fiscalité attractive fait de l'assurance décès un outil efficace de transmission patrimoniale pour protéger ses proches des aléas de la vie.
Assurance vie et assurance décès : des dispositifs à combiner
Si l’assurance vie et l’assurance décès diffèrent dans leur conception et leurs objectifs, rien ne vous empêche de souscrire à ces deux dispositifs afin d’en combiner les avantages : offrir une certaine protection à vos proches et vous constituer une épargne à la fiscalité douce.
Exemple concret : Meredith, 35 ans, combine assurance vie et assurance décès
Meredith, cadre de santé de 35 ans, mère de deux enfants de 8 et 12 ans, a choisi de combiner une assurance vie et une assurance décès pour optimiser sa stratégie patrimoniale.
Sa situation :
- Salaire : 4 500 € nets mensuels
- Crédit immobilier : 180 000 € restants sur 15 ans (1 200 €/mois)
- Objectifs : protéger sa famille et préparer l'avenir.
Son montage financier :
Assurance vie : 200 € par mois
- Versement programmé depuis 5 ans
- Capital constitué : 13 500 € (versements + intérêts)
- Objectif : financer les études supérieures des enfants et compléter sa retraite
- Bénéficiaires : ses deux enfants à parts égales
Assurance décès : 45 € par mois
- Capital garanti : 250 000 €
- Bénéficiaires : conjoint (70 %) et enfants (30 %)
- Objectif : "maintenir le niveau de vie familial" si elle venait à décéder
En cas de décès de Meredith :
- Assurance vie : Capital constitué transmis aux enfants avec abattement fiscal de 152 500 € chacun
- Assurance décès : 250 000 € versés immédiatement (exonérés de droits de succession)
- 175 000 € pour son conjoint (soutien financier)
- 75 000 € pour les enfants (frais d'éducation, études)
Coût total : 245 € par mois pour une protection optimale alliant épargne long terme et sécurité immédiate de la famille.
Questions fréquentes :
En l'absence de bénéficiaire désigné, les conséquences diffèrent selon le type de contrat. Pour une assurance vie sans bénéficiaire, le capital intègre automatiquement la succession et revient aux héritiers légaux, mais ces derniers perdent les avantages fiscaux spécifiques de l'assurance vie (abattement de 152 500 € par bénéficiaire). Le capital devient alors soumis aux droits de succession classiques selon le barème progressif.
Pour une assurance décès, les mêmes règles s'appliquent : sans désignation de bénéficiaire, le capital décès est versé aux héritiers selon les règles successorales, mais perd également ses avantages fiscaux. Dans les deux cas, il est essentiel de désigner clairement un ou plusieurs bénéficiaires pour optimiser la transmission et éviter que le contrat tombe en déshérence, ce qui pourrait compliquer les démarches pour les ayants droit.
Pour récupérer le capital d'une assurance vie ou décès, le bénéficiaire doit déclarer le décès à l'assureur en adressant un acte de décès intégrale. Si des versements ont été effectués après 70 ans, un certificat d'acquittement des droits de succession peut être requis. En cas de doute sur l'existence d'un contrat, contacter l'AGIRA pour une recherche gratuite. Vous pouvez contacter AGIRA Soit :
- par courrier simple à l'adresse suivante : 1, rue Jules Lefebvre - 75431 PARIS CEDEX 09. AGIRA recherche contrats assurance vie -
- Soit en ligne : www.formulaireassvie.agira.asso.fr
15 jours à réception de l’avis de décès de l’assuré et de la prise de connaissance des coordonnées des bénéficiaires pour solliciter toutes les pièces nécessaires au règlement des prestations ;
30 jours à réception de l’ensemble des pièces pour procéder au versement des capitaux concernés.
En cas de non-respect de ces délais, des indemnités de retard s'appliquent automatiquement : le capital produit des intérêts au double du taux légal pendant deux mois, puis au triple du taux légal au-delà. Ces délais ne commencent qu'à partir de la réception complète du dossier par l'assureur.
Les capitaux restant en déshérence malgré les recherches menées par l’organisme assureur doivent être reversés à la Caisse des Dépôts et de Consignations (CDC) à l’issue d’un délai de dix ans à compter de la prise de connaissance du décès par l’organisme assureur. Six mois avant l’expiration du délai de dix ans, l’organisme assureur doit informer le bénéficiaire, par tout moyen, de la mise en œuvre du dispositif de transfert.
Les délais pour percevoir le capital d'une assurance vie ou d'une assurance décès sont encadrés par la loi. Une fois le décès signalé à l'assureur, celui-ci dispose de 15 jours pour demander les pièces justificatives nécessaires (acte de décès, justificatifs d'identité, RIB). Après réception de l'ensemble des documents, l'assureur doit verser le capital dans un délai maximum d'un mois.

